Qu’est-ce que des reliques ?

Le mot reliques vient du latin reliquiae, qui signifie littéralement " ce qui reste " et qui était employé en particulier pour désigner les cendres ou le corps d’un mort.

En Français moderne, il n’est plus employé que pour désigner les corps des saints, une partie de celui-ci, des objets qu’ils ont utilisés, auxquels l’Église rend un culte. (Il peut aussi désigner un objet qu’un saint a utilisé).

Les reliques, pour des raisons évidentes de sécurité, ne sont en général pas exposées telles quelles, mais contenues dans une boite appelée reliquaire, souvent vitrée pour qu’on puisse les apercevoir. C’est le cas de celles de Thérèse, qui ont la particularité d’être réparties entre trois reliquaires pour permettre de nombreux voyages. Celui que nous recevons a la forme d’une statue de la sainte de 95 cm de hauteur sur une base carrée de 50 cm de côté. Il est protégé par une coque de verre (ci-contre photo sans la coque, puis avec). Le total pèse 50 kg.

Pourquoi vénérer les reliques des saints ?

Cette pratique remonte aux premiers temps de l’Église. Les premiers chrétiens vénéraient les tombes des martyrs.

Le concile* Vatican II l’a rappelé : " Selon la tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images. Les fêtes des saints proclament les merveilles du Christ chez ses serviteurs et offrent aux fidèles des exemples opportuns à imiter. " (Constitution Sacrosanctum Concilium sur la sainte Liturgie, 111)

La vie des saints nous est donnée en modèle par l’Église. Nous croyons qu’ils sont auprès de Dieu et intercèdent pour nous.

Leurs reliques rappellent leur passage sur la terre. Bien évidemment, ils ne sont pas présents dans ces reliques, mais elles sont un signe de leur présence parmi nous.

Vénérer les reliques, c’est aussi manifester notre foi en la résurrection des morts. La mort n’est pas une fin. Le corps mort du saint annonce son corps glorieux.

Il n’y a rien, absolument rien de magique, dans les reliques. L’Église a toujours condamné fermement les usages sacrilèges que certains en en on fait. À travers elles, c’est à Dieu qu’on rend le culte qui lui est dû. Elles sont un moyen, non une fin.

De même que nous vénérons un reliquaire parce que nous savons qu’il contient des reliques, à travers ces reliques, nous vénérons le saint, et adorons Dieu qui l’a conduit vers la sainteté.

C’est pour marquer cela qu’on parle de vénération des reliques : l’adoration est réservée à Dieu seul. Nous adorons le Saint-Sacrement, l’hostie consacrée, car nous savons que Jésus, qui nous donne son corps en nourriture, y est réellement présent. Nous vénérons les reliques des saints qui nous rappellent ceux qui sont nos modèles pour adorer Dieu.

C’est ce qu’expliquait saint Thomas d’Aquin**, généralement considéré comme le plus grand théologien du Moyen-Âge, au XIIIe siècle, après avoir examiné les objections (elles ne sont pas neuves !) faites aux cultes des reliques

" Il est clair que celui qui aime quelqu'un vénère après sa mort ce qui reste de lui; non seulement son corps et des parties de son corps, mais aussi des objets extérieurs, comme des vêtements. Il est donc évident que nous devons avoir de la vénération pour les saints de Dieu, qui sont les membres du Christ, les fils et les amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de lui. Il est donc évident aussi que nous devons, en souvenir d'eux, vénérer dignement tout ce qu'ils nous ont laissé, et principalement leurs corps, qui furent les temples et les organes du Saint-Esprit, habitant et agissant en eux, et qui doivent être configurés au corps du Christ par la résurrection glorieuse. C'est pourquoi Dieu lui-même glorifie comme il convient leurs reliques, par les miracles qu'il opère en leur présence. "

Le concile* de Trente s’en est inspiré trois cents ans plus tard pour donner la juste définition de la vénération des reliques : " Les fidèles doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le Christ; ils ont été des membres vivants du Christ et le temple du Saint-Esprit (1 Co. 3, 16; 6,19; 2 Co 6,16) et seront ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle. Par eux Dieu accorde de nombreux biens aux hommes ".

Pour aller plus loin :

Un texte sur la vénération des reliques et son histoire, trouvé sur le site de l’archidiocèse de Paris

Le texte complet du décret du concile de Trente

Le texte complet de saint Thomas d’Aquin sur les reliques

Le Contra Vigilantium de saint Jérôme qui montre l’importance du culte des reliques au Ve siècle... et qu’il était déjà contesté (version bilingue sur le site remacle.org)

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* Le concile œcuménique, qui réunit les évêques du monde entier (c’est le sens du mot œcuménique) autour du Pape (ou de son représentant), est la plus haute autorité dans l’Église. Il y en a eu au total 21 depuis celui de Nicée, en 335, qui a rédigé le credo que nous utilisons encore aujourd’hui. Les trois derniers sont ceux de Trente (1545-1563), Vatican I (1869/70) et Vatican II (1962/65).

** Né dans une noble famille napolitaine, élevé à l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin, Thomas choisit cependant, à 19 ans, d'entrer chez les Frères Prêcheurs. Ce n'est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer. L'ordre dominicain est un ordre mendiant, fondé quelques années plus tôt, et il n'avait pas bonne presse dans l'aristocratie. Au bout d'un an, Thomas peut enfin suivre sa vocation. On l'envoie à Paris pour y suivre les cours de la bouillonnante Université. Il a comme professeur saint Albert le Grand. Pour ce dernier, il faut faire confiance à la raison et à l'intelligence de l'homme pour chercher Dieu. Le philosophe le plus approprié à cette recherche est Aristote. Saint Thomas retient la leçon. Devenu professeur, il s'attelle à un gigantesque travail pour la mettre en œuvre. Connaissant très bien Aristote et ses commentateurs, mais aussi la Bible et la tradition patristique chrétienne, il élabore une pensée originale, qu'il expose dans de multiples ouvrages, dont le plus connu est la "Somme Théologique". Comme professeur, il doit aussi soutenir de véhémentes controverses avec des intellectuels chevronnés. Il voyage aussi à la demande des Papes. Mais c'est l'étude qui a toute sa faveur : à la possession de "Paris la grande ville", il dit préférer "le texte correct des homélies de saint Jean Chrysostome sur l'évangile de saint Matthieu. Il meurt sur la route, en chemin vers Lyon où il devait participer au grand concile de 1274. (note venant du site de la Conférence épiscopale de France sur les prénoms et les saints, http://nominis.cef.fr/)