Décret du concile de Trente (1563)
De l'invocation, et de la Vénération des Saints, de leurs Reliques et des Saintes Images.
Un texte sur la vénération des reliques et son histoire,
Le texte complet de saint Thomas dAquin sur les reliques
Le Contra Vigilantium de saint Jérôme
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Le Saint Concile enjoint à tous les évêques que, selon lusage de lÉglise catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne, et selon le sentiment unanime des saints Pères et les décrets des saints conciles, ils instruisent diligemment leurs fidèles particulièrement sur lintercession des saints, la prière quon leur adresse, les honneurs rendus aux reliques et le légitime usage des images.
Quils leur apprennent que les saints qui règnent avec le Christ offrent à Dieu leurs prières pour les hommes; quil est bon et utile de les invoquer humblement et, pour obtenir des bienfaits de Dieu par son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, qui seul est notre Rédempteur et Sauveur, de recourir à leurs prières, à leur aide et à leur assistance.
Ceux qui nient quon doive invoquer les saints qui jouissent dans le ciel de la félicité éternelle; ou qui affirment que ceux-ci ne prient pas pour les hommes; ou que les demandes quon leur adresse de prier pour chacun de nous sont de lidolâtrie; ou que cest chose contraire à la parole de Dieu et opposée à lhonneur de Jésus-Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes; ou que cest sottise de supplier vocalement ou mentalement ceux qui règnent dans les cieux. Tous ceux-là ont des pensées impies.
Les fidèles doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le Christ; ils ont été des membres vivants du Christ et le temple du Saint-Esprit (1 Co. 3, 16; 6,19; 2 Co 6,16) et seront ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle. Par eux Dieu accorde de nombreux biens aux hommes.
Ainsi, que ceux qui affirment quon ne doit ni honneur ni vénération aux reliques des saints; ou que cest inutilement que les fidèles les honorent ainsi que les autres souvenirs sacrés; que cest en vain que les fidèles visitent les lieux de leur martyre pour obtenir leur aide, tous ceux-là doivent être condamnés, comme lÉglise la déjà fait autrefois et le fait encore aujourdhui.
De plus, on doit avoir et garder notamment dans les églises les images du Christ, de la Vierge, mère de Dieu, et celles des saints, en leur rendant lhonneur et la vénération qui leur sont dus. Non quon croie quil y a en elles du divin ou quelque vertu qui justifiaient leur culte, ou quon doive leur demander quelque chose, ou quon doive mettre fermement sa confiance dans les images, comme il arrivait autrefois aux païens qui mettaient leur espérance dans les idoles (Ps 135, 18), mais parce que lhonneur quon leur rend remonte aux modèles originaux quelles représentent. Ainsi, à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous nous prosternons, cest le Christ que nous adorons, et les saints, dont elles portent la ressemblance, que nous vénérons. Ceci a déjà été défini par les décrets des conciles, notamment le concile de Nicée, contre ceux qui attaquaient les images.
Si des abus sétaient glissés dans ces saintes et salutaires pratiques, le saint concile désire très vivement les voir totalement abolies. Il ne faut exposer aucune image porteuse dune fausse doctrine, qui donne aux gens simples loccasion dune erreur dangereuse.
Si quelquefois on représente en images les histoires que raconte la sainte Écriture, ce qui peut être utile pour une masse peu instruite, on enseignera au peuple quelles ne représentent pas pour autant la divinité, comme si on pouvait la percevoir des yeux du corps ou lexprimer par des couleurs et des formes.
Toute superstition devra être absente de linvocation des saints, toute recherche dun gain malhonnête devra être éliminée, enfin toute indécence évitée. Ainsi les images nauront ni à être peintes ni à être ornées dune beauté profane provocante.
Les fidèles, quand ils célébreront les saints et visiteront les reliques, nen feront pas abusivement des occasions de gloutonnerie ou divresse, comme si les jours de fêtes où lon honore les saints devaient être passés dans la débauche et les débordements. Enfin les évêques devront veiller à ces choses avec grande diligence et grand soin pour que rien de désordonné, rien qui ait lair intempestif et tumultueux, rien de déshonnête ne se produise, puisque cest la sainteté qui convient à la maison de Dieu (Ps 93, 5).
Pour que ces prescriptions soient très fidèlement observées, le saint concile décide quil nest permis à personne de placer ou faire placer en aucun lieu ou église une image inhabituelle, si elle na été approuvée par lévêque. On ne reconnaîtra pas de nouveaux miracles, on ne recevra pas de nouvelles reliques sans lexamen et lapprobation de lévêque. Sil apprend que ce genre de choses se produit, il fera, après avoir pris conseil de théologiens et dautres hommes pieux, ce quil jugera conforme à la piété et à la vérité.
Sil se rencontre un abus douteux ou difficile à extirper, ou quun plus grave problème se présente sur ce sujet, avant de dirimer la controverse, lévêque attendra lavis du métropolitain et des évêques de sa province, en sorte toutefois que rien de nouveau ou dinusité dans lÉglise ne soit décrété sans que lon ait consulté le Souverain Pontife romain.
Concile de Trente, Vingt-cinquième session, 1563.